LA GUERRE DE TRENTE ANS : VICISSITUDES ALSACIENNES
Joannes Hunn est le premier de mes ascendants en ligne agnatique connu. Il épouse en 1692 à Orschwiller près de Sélestat Catharina Weber originaire de cette commune. Elle décède peu après et Joannes se remarie en 1693 avec Barbara Koch elle aussi originaire de cette commune. L'acte de son premier mariage indique qu'il est "helvetus", dans le second il est déjà considéré comme un citoyen de Orschwiller, "civis Ursiwilla". Il décède en 1716 et sa descendance restera dans ce village jusqu'en 1901 date à laquelle mes arrrières-grands-parents quitteront l'Alsace allemande avec leurs enfants.
Les traités de Westphalie de 1648 apportèrent à la France une Alsace en ruine sur l'ensemble de son territoire, à quelques exceptions près : Strasbourg grâce à son jeu diplomatique et ses fortifications et Mulhouse grâce à ses liens avec les cantons suisses.
Les traités de Westphalie de 1648 apportèrent à la France une Alsace en ruine sur l'ensemble de son territoire, à quelques exceptions près : Strasbourg grâce à son jeu diplomatique et ses fortifications et Mulhouse grâce à ses liens avec les cantons suisses.
Ces traités mettent fin à la guerre de 30 ans, guerre qui a ravagé une grande partie de l'Europe. Elle a commencé en 1618 et sera la dernière grande guerre de religion européenne : l'Europe catholique et libérale de la monarchie Habsbourgeoise et l'Europe des Etats prônant un équilibre politique menée par le Roi de France.
Au terme de trente années de lutte acharnée où les épidémies renouvelées, les famines dues à plusieurs années de mauvaises récoltes et la soldatesque ont frappé la population, le bilan démographique et économique est désastreux pour l'Europe et notamment pour l'est de la France
Beaucoup de villages sont détruits totalement ou en partie, certains mêmes ne seront jamais reconstruits. La population a diminué de 40 à 60 % environ et de nombreuses terres resteront en friche jusqu'à la fin du XVIIe.
Reconstruire et repeupler sont donc les deux tâches essentielles pour l'Alsace. Dès la paix signée, une immigration volontaire puis par la suite encouragée commença.
Au mois de novembre 1662, Louis XIV fait publier une ordonnance concernant "les terres abandonnées dans la haute et basse Alsace".
Voici les grandes lignes de cette dernière :
- un délai de 3 mois est donné aux habitants ayant quitté l'Alsace pour présenter les titres de propriété des châteaux, maisons, terres et héritages qui leur appartiennent et revenir sur leurs terres.
- les sujets du royaume et les étrangers peuvent s'établir en Alsace si ils sont de religion catholique.
- les maisons, terres et autres héritages incultes ou abandonnés par leurs anciens possesseurs sont distribués gratuitement aux nouveaux arrivants.
- les habitants qui sont établis ou qui s'établiront en Alsace sont déchargés de toute imposition pendant 6 ans.
- ces derniers sont autorisés, pour s'installer, à prendre le bois nécessaire aux reconstructions et au chauffage pendant 6 ans dans les forêts royales.
- les nouveaux habitants sont exemptés de toute corvée pendant ce délai de 6 ans.
Dès 1662 l'immigration s'accéléra notamment celle de la Suisse catholique, de l'Autriche, du Palatinat, de la Souabe, de la Bavière, de la Lorraine, de la Bourgogne et de la Picardie. Malgré tout en 1682, il reste encore des terres en friche et une nouvelle ordonnance reprit celle de 1662 sans reprendre la condition de religion.
Les Suisses sont nombreux à s'établir dans le sud de l'Alsace : la surpopulation des campagnes, généralement pauvres, le besoin de conjurer la crise économique de ces mêmes campagnes, le besoin de trouver une nouvelle terre d'accueil pour les paysans bannis ou condamnés suite aux révoltes paysannes entre 1650 et 1655, le besoin pour les artisans ruraux de se dégager de la tutelle des corporations citadines, ainsi que les anabaptistes fuyant la recrudescence des persécutions en Suisse Alémanique les incitent à partir.
On voit arriver par vagues successives des familles d'origine suisse qui vont s'établir en Alsace et réussir leur implantation. Des liens existaient déjà depuis longtemps entre l'Alsace et la Suisse. Les nouveaux arrivants n'ont très souvent pas grand chose si ce n'est leur savoir-faire. Ils arrivent par groupe d'une même origine et vont mettre en place des structures sur le modèle qu'ils connaissent dans leur pays d'origine.
Cet afflux est important et en 1870 on peut dire que la population alsacienne est en grande majorité d'origine suisse.
(Sources : Recueil des édits, déclarations, lettres patentes, ordonnances d'Alsace (M. de Boug) ; Histoire de l'Alsace ; La guerre de 30 ans (CGA))
Très intéressant.
RépondreSupprimerJ'ai moi même des ancêtres au début du 18 ème siècle qui sont dit à la fois originaire d'Alsace et de Suisse. Du coup votre article explique cette double origine. Existe t il un recensement des suisses arrivés en France? Il faudrait regarder village par village je suppose.
Merci Benoit. Il n'existe pas de recensements lors des arrivées en Alsace. Les seules informations se trouvent dans les divers actes des registres paroissiaux, et si il y en a dans les actes notariés. Donc un travail de longue haleine.
SupprimerBonjour Benoit,
SupprimerApparemment, il existe de la littérature à ce propos : http://www.scoop.it/t/alsace-actu/p/4011444414/2013/11/22/genealogie-le-guide-du-voyage-vers-ses-ancetres-suisses
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Fabrice
Bonjour,
RépondreSupprimerExcellente article, très clair! Et surtout très utile pour mes recherches en grande majorité situées en Alsace. Il est vrai que pour la branche de ma grand mère maternelle, "on dit" que la famille est originaire de Suisse. Mais je n'en ai pas encore trouvé mention.
Merci!
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Fabrice