GENEALOGIE GENETIQUE OU L'ARBRE PHYLOGENETIQUE

Imaginez un instant que votre arbre ne comporte plus les noms et prénoms de vos ascendants mais des sigles : R1bS116 - R11M222- S206... et ne représente plus nos liens de parenté traditionnels.
Cet arbre représente les relations de parenté entre les différents haplogroupes : il ressemble à un arbre généalogique mais le lien de parenté se fait à l'échelle des marqueurs génétiques qui par la suite nous identifie dans l'haplogroupe dont nous dépendons.
 
 
Qu'est ce qu'un haplogroupe ?
Un haplogroupe désigne un grand groupe de gènes situés sur le même chromosome.
Pour la génétique humaine, les haplogroupes qu'on étudie généralement sont des haplogroupes du chromosome Y (ADN-Y) et des haplogroupes de l'ADN mitochondrial (ADN mt). On peut employer les deux pour définir les populations génétiques. L'ADN-mitochondrial se transmet par la lignée utérine, suivant en cela notre matrilignage, et l'ADN-Y se transmet  de père à fils, suivant en cela notre patrilignage.
Pour les protohistoriens et les généalogistes, un haplogroupe peut être perçu également comme un groupe d'humains ayant un même ancêtre commun en lignée patrilinéaire  ou matrilinéaire. Cette science est d'ailleurs utilisé par les archéologues pour leurs études.
 
A l'heure du numérique rien de plus facile que de commander un kit ADN afin de découvrir quelques semaines plus tard quelles sont vos origines génétiques. Les sociétés distribuant ces tests, majoritairement anglophones, sont montrées du doigt, car des dérives peuvent apparaître. De plus les marges d'erreur sont bien plus importantes que l'on pourrait le penser.
Les anthropologues sont eux-mêmes perplexes sur la possibilité d'avoir des marqueurs génétiques qui seraient propres à telle ou telle population. D'autres aspects sont à prendre en considération. L'histoire des migrations des populations qui ont eu lieu bien avant nos 4 ou 5 derniers siècles de généalogie ont poussé ces dernières à se déplacer pour des faits de guerre, de maladie, d'économie bien trop complexes pour connaître avec certitude si nos marqueurs génétiques correspondent à telle population qui vivait à tel endroit il y a des milliers d'années.
En 2010, la Société Française de Génétique Humaine a rédigé un texte : "Tester ses origines : quels apports de la génétique ?"
 
Il existe environ 25 haplogroupes recensés, divisés en sous-groupes en fonction des mutations subies. Quel serait le vôtre si vous vous laissiez tenter par ce type de recherche ? En voici quelques-uns :
 
En ligne patrilinéaire :

Arbre simplifié des haplogroupes patrilinéaires
Haplogroupe  A : le plus ancien, avec sa mutation d’origine datée d’au moins 70 000 ans, en Afrique. Ses porteurs très nombreux sont des personnes de peau noire vivant sur ce continent.
Haplogroupe  C  : semble être associé aux Mongols de Gengis Khan, très bien représenté en Asie du sud-est mais très rare en Europe.
Haplogroupe  E : c'est la dernière migration majeure depuis l’Afrique vers l’Europe, il y a 26 000 ans. Le sous-groupe  E1b1 est particulièrement représentatif ; on le trouve assez bien en Grèce, Albanie, Kosovo, Proche-Orient, Moyen-Orient, Maroc. Il domine au Levant et pourrait être partiellement associé aux ascendants Phéniciens et Israélites. 
Haplogroupe  G : c'est un petit groupe (20-30 millions dans le monde) mais présent un peu partout. Il provient d’une mutation survenue il y a 10-15 milliers d’années appelée  M-201. On trouve des  G  en Europe, en Asie occidentale, autour de la Méditerranée.
Haplogroupe  H   :  domine chez les Gitans, Tsiganes (50%).
 - Haplogroupe  I : il se trouvait dans nos régions d’où il est originaire. Il fut relégué progressivement en Scandinavie, Grande-Bretagne, Danemark (sous-groupe I1) et en Arménie, Géorgie et Turquie (sous-groupe I2). Il représente 10 à 45% de la population européenne.
- Haplogroupe  J : avec ses deux sous-groupes  J1  et  J2, il est souvent appelé le groupe sémitique. On trouve beaucoup de J dans les pays européens voisins de la Méditerranée comme la Grèce  (22% de la population)  ou l’Italie (25%). Il est apparenté aux Romains, Grecs et Phéniciens pour le J2, aux Arabes et aux Juifs pour le J1.
- Haplogroupe  N : parfois appelé « Finnois » ou de « langues Ouraliques » s’étend de la Finlande à la Sibérie et se voit particulièrement bien représenté dans les pays baltes (34 à 58%). Il s’y trouvait sans doute avant l’arrivée des Indo-Européens  R1a avec lesquels il a fusionné.
 - Haplogroupe  Q  :  celui des Huns, qui envahirent l’Europe au 5e siècle, surtout représenté en Asie Centrale et chez les Amérindiens.
- Haplogroupe  R : apparu il y a 28 000 ans en Asie Centrale, il est surtout répandu en Europe de l’Ouest sous forme de son sous-groupe  R1b, qui domine, avec R1a, ce sont sans doute eux nos  « Indo-Européens ». R1a se situe principalement en Grèce, Balkans, pays slaves et baltes. Quant au sous-groupe  R2, il est très important en Asie.


En ligne matrilinéaire :

Arbre simplifié des haplogroupes matrilinéaires
- Haplogroupe L : c'est le macro-haplogroupe de l'ADN mitochondrial qui est à la racine de l'arbre phylogénétique humain mitochondrial. Toutes les lignes maternelles de l'humanité descendent de cet haplogroupe. Son origine est théoriquement liée à l'Ève mitochondriale et donc à l'origine africaine de l'homme moderne.
- Haplogroupe N : les haplogroupes mitochondriaux rencontrés en Europe descendent tous de lui, il représenterait une des deux vagues initiales de migrations d'Homo Sapiens hors d'Afrique, il y a 60.000 à 80.000 ans. De nos jours, l'haplogroupe N n'est présent qu'à de très faible pourcentage à travers l'Eurasie.
- Haplogroupe H : c'est le plus répandu en Europe (40% de la population),
- Haplogroupe J : originaire du Moyen-Orient il y 45.000 ans, ce qui en fait l'un des plus vieux haplogroupes mitochondriaux en Europe et au Moyen-Orient. Il est généralement associé à la propagation de l'agriculture. 
- Haplogroupe K :  on le trouve dans toute l'Europe et l'Asie occidentale, aussi loin que l'Inde.
- Haplogroupe T : origine probable au Moyen-Orient ou du Nord-Est de l'Afrique il y a au moins 12.000 ans. On le trouve dans toute l'Europe, et de la moitié nord de l'Afrique à l'Asie centrale et la Sibérie,
- Haplogroupe U : il est extrêmement ancien, apparu il y a 60.000 ans à la limite du Nord-Est de l'Afrique et du Moyen-Orient, peu après que les premiers Homo Sapiens se soient aventurés hors de l'Afrique.

Dispersion de l'ADN mitochondrial

Pour en savoir plus Eupédia a mis en ligne une étude sur la répartition géographique et les origines ethniques des haplogroupes européens: 
http://www.eupedia.com/europe/origines_haplogroupes_europe.shtml

A lire en parallèle : "Les sept filles d'Eve ": une tentative d'explication de l'évolution des principales familles mitochondriales" 

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