LES VILLAGES DE LA ZONE ROUGE

La zone rouge sera le nom donné en France à près de 120.000 hectares de terres devenues des champs de batailles lors de la première guerre mondiale.
En raison de la présence de millions de munitions non explosées qui polluent les sols et de milliers de restes humains, il n'y aura plus d'activités possibles dans cette zone, que ce soit de façon provisoire ou définitive. Aujourd'hui la zone rouge a été réduite mais n'a pas disparu pour autant dans les 11 départements sur lesquels elle s'étend.
Dans le cadre de la reconstruction en 1919, une cartographie en trois niveaux a été produite et représentée par trois couleurs. Au rouge qui correspond aux lignes de front des armées et où les dégâts sont irréversibles, on a ajouté le jaune dont les zones sont éloignées des lignes de front et dont les dégâts sont moindres, et le vert qui légende surtout les zones de passage et de stationnement des armées. 13 départements faisaient alors partie de ces zones.
Aujourd'hui beaucoup de sites ont été rendus à l'agriculture dès que cela a été possible, ou ont alors été boisés et sont devenus des "forêts de guerre", terme consacré pour les reboisements effectués sur les anciennes forêts, les champs ou les villages détruits, essentiellement dans la zone rouge, dans les départements de la Meuse, du Pas de Calais et de la Somme. Ce terme évoque aussi le "bois mitraillé" qu'on y trouve toujours aujourd'hui et qui exige des précautions lors de son exploitation. Mais ce sont aussi des forêts où un grand nombre d'hommes et de chevaux ont été enterrés comme dans la forêt d'Argonne entre Marne et Meuse.
Ce qui ne sera ni boisé, ni rendu à l'agriculture sera laissé après la guerre "en l'état actuel" comme "vestiges de guerre" et "emplacements de villages".
Les vestiges des villages détruits paraissent irréels au milieu de ces forêts. Il est difficile d'imaginer ce à quoi ils pouvaient ressembler avant la guerre tant la nature y a pris ses droits.


Les zones détruites de 1914-1918

Dans la Marne, sept villages furent anéantis lors des batailles de Champagne et leurs ruines se trouvent aujourd'hui dans les camps militaires de Suippes et de Moronvilliers. Il a été décidé de conserver le nom des ces villages en le rattachant à celui de sept autres communes.
 
Lors de la bataille de Verdun en 1916, neuf villages meusiens furent totalement détruits par les combats, 3000  habitants furent contraints  d'abandonner leur village. Six d'entre eux  ne seront jamais reconstruits et contrairement aux villages marnais ils ne seront pas rattachés à d'autres communes ceci afin de conserver leur mémoire. Les communes non reconstruites sont qualifiées de "mortes pour la France".
 
Dans l'Aisne les combats du Chemin des Dames, ainsi que ceux de 1917 ont détruits entièrement neuf villages dont trois n'ont jamais été reconstruits. Comme dans la Marne six villages ont rattaché leur nom à celui d'autres communes, trois ont été reconstruits à peu de distance.

En Meurthe et Moselle près de Saint-Mihiel deux villages sur les quatre détruits ont vu leur nom rattaché à une autre commune, les deux autres ont été totalement reconstruit à proximité.
 
La Grande Rue de Bezonvaux dans la Meuse avant la première guerre mondiale...
 

...pendant...
 
...puis aujourd'hui
 

La liste des villages et hameaux détruits n'est pas exhaustive, le dénombrement de ces lieux n'a jamais été effectué officiellement et il est difficile de les recenser. Les Vosges, la Somme, le Nord, le Pas de Calais, l'Oise et la Belgique possèdent eux-aussi leurs "vestiges de guerre".


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