J... comme Jeunesse et bachelleries

Les abbayes de jeunesse ou royaumes de jeunesse et leurs fêtes existent dans une large partie de la France de l’Ouest durant l’Ancien Régime et portent aussi le nom de bachelleries. Les jeunes hommes non mariés et pubères qui les animent sont dénommés bacheliers (le terme bachelor a été gardé par les anglais pour désigner le célibataire). Cette association est reconnue par le seigneur de la paroisse, par l’Église et elle dispose de privilèges.
Le chef de la jeunesse nommé "roi des bacheliers" est désigné rituellement soit par vote, soit grâce à sa chance et à son habileté au jeu, soit par sa richesse.
On trouve aussi dans les abbayes de jeunesse des jeunes filles dénommées bachelières et leur reine (désignée par le roi des bacheliers), dont les activités (hommages, processions, cérémonies diverses et danses) ainsi que leur rôle sont essentiellement décoratifs.
Généralement les fêtes locales sont préparées et animées par la classe d'âge des jeunes gens que sont les bacheliers. Leur groupe aide au maintien de la cohésion villageoise et personnifie cette communauté. 
Le moment le plus important de l'année est celui de la fête de la bachellerie qui reprend les attributs des fêtes villageoises (passage à l'église, banquet, danses) mais d'une manière moins "formelle" que les fêtes traditionnelles. Ces fêtes donnent lieu à des compétitions (lutte, lancers, courses, course de bague, quintaine, chasse au roitelet, soule...) et ont comme rôle et fonction de distraire (l'absurde et le burlesque de la fête), représenter la communauté villageoise, juger (charivari) ou conjurer. Les jeunes gens peuvent faire le tapage (faire carillon) ou exiger le droit de pelote ou de cheveresse, de bannière, d’honnêteté ou de garçonnade.
Les excès de ces fêtes attirent aux abbayes de jeunesse les foudres de la justice et de l'église. Combattues par les parlements dès 1780, elles disparaissent officiellement dans la nuit du 4 août 1789 qui supprime les privilèges dans toutes les classes de la société. En fait, de nombreuses bachelleries renaissent au XIXe siècle, parfois avec l'appui des préfets, et certaines même demeurent vivantes au XX e siècle, jusqu'en 1914 du moins. La dernière bachellerie connue a subsisté à Melle (Deux-Sèvres) jusqu'en 1974.





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