P : la PAUVRETÉ de CÉCILE l'INDIGENTE

Cécile Strohm a vu le jour le 13 décembre 1835 dans la maison des héritiers Zetter sise 421 rue des boulangers à Mulhouse. Elle est le premier enfant d'André Strohm cordonnier né à Denzlingen dans le Duché de Bade et de Anne-Marie Grass servante née à Ingersheim dans le Haut-Rhin. Le 17 mars 1858, Cécile s'unit à Ingersheim à Joseph Dietrich natif de cette commune. Ils sont tous les deux ouvriers de fabrique et bénéficient lors de leur mariage de la loi du 10 décembre 1850 en vertu du certificat de non imposition délivré par le percepteur de la commune. Cette loi avait pour objet de faciliter le mariage des indigents, la légitimation de leurs enfants et le retrait de ces enfants dans les hospices. "Seront admises au bénéfice de la loi des personnes qui justifieront d'un certificat d'indigence, à elles délivré par le commissaire de police, ou par le maire dans les communes où il n'existe pas de commissaire de police, sur le vu d'un extrait du rôle des contributions constatant que les parties intéressées payent moins de 0,10 F, ou d'un certificat du percepteur de leur commune portant qu'elles ne sont pas imposées." Lors de leur mariage, le salaire journalier de Joseph devait être d'environ 0,86 francs et celui de Cécile de 0,75 francs.

L'indigence est à cette époque élevée dans les villes industrielles. En 1858 le quartier de Logelbach avoisinant Ingersheim comporte deux filatures où travaillent Cécile et son époux. Ce quartier s'est développé le long du canal du Muhlbach où au XVIIIe siècle les frères Haussmann y installèrent un atelier de fabrication d'indiennes. Antoine Herzog y créa par la suite une entreprise de textiles, filature et tissage de coton.Le couple aura quatre enfants entre 1858 et 1863 et leurs professions varient à chaque naissance. Journalier et ouvrière en 1858 ; journalier et sans profession en 1859 ; vigneron en 1861 ; ouvrier de fabrique à nouveau en 1863. De nombreux ouvriers étaient ce qu'on appelle des « ouvriers paysans » : ils vivaient au village, allaient à l'usine puis, en rentrant, s'occupaient d'un lopin de terre, parfois aussi d'une ou deux bêtes, certains étant propriétaires de leur maison. On trouvait plusieurs catégories de travailleurs dans les manufactures textiles : les manœuvres-journaliers payés à la journée de travail et dont l'embauche était précaire, les ouvriers spécialisés possédant un métier, les ouvriers travaillant à la pièce, payés pour le travail fourni, et l'encadrement.

Cécile arrêta probablement de travailler à la fabrique dès la naissance de son second enfant. Le 31 août 1863 peu de temps après avoir donné naissance à sa fille Philomène elle décède à l'hôpital de Colmar à l'âge de 28 ans. La Caisse de Secours de la filature de Joseph lui est-elle venue en aide après ce décès ? Le but de cette dernière étant notamment d'assurer aux familles de sociétaires une inhumation convenable en cas de décès.


La carderie à la filature de Logelbach
Sources : BU de Strasbourg


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