L : le LONG VOYAGE d'HÉLÈNE

Hélène Elise Bonhomme nait vers 1759 à Muret près de Toulouse. Le 1er février 1780 elle épouse Jean François Victor de Bermon marchand de son état. De ce mariage deux enfants verront rapidement le jour en 1782 et 1784 mais décèderont jeunes en 1787 et 1790.
Bertrand, le frère ainé d'Hélène, décide à cette époque là de s'expatrier et s'installe alors sur l'Isle de France (actuelle Ile Maurice) dans la commune de Pamplemousses.
Sous le nom de ce fruit exotique, se cache une commune qui doit sa notoriété au magnifique jardin botanique tropical renfermant des espèces originaires des quatre coins du monde. En 1770, Pierre Poivre, intendant de l'Isle de France, comme se nomme alors l'Ile Maurice, achète la propriété Mon Plaisir de La Bourdonnais, où il crée l'actuel jardin de Pamplemousses, en y introduisant des espèces végétales du monde entier. Au muscadier et giroflier, il va ajouter le camphrier, le laurier, des arbres et épices des Antilles, d'Inde, d'Afrique, de Chine… enrichissant sans cesse ses collections, développant de plus en plus le jardin. Celui-ci, racheté par le roi de France, continuera à s'embellir grâce à d'autres botanistes qui poursuivront l'œuvre de Pierre Poivre, faisant du site un endroit réputé. Sont venus s'ajouter au fil des ans, fleurs, fougères, araucarias, orchidées, bougainvilliers, et surtout de nombreuses espèces de palmiers.
Bertrand ne vient sûrement pas là pour la beauté des lieux mais pour commencer une nouvelle vie et probablement pour faire fortune puisqu'il s'installera comme armateur de corsaires. 
Peu après 1790 vraisemblablement, Hélène et son époux au terme d'un voyage éprouvant d'environ cinq mois rejoindront Bertrand. Et contrairement au paysage idyllique décrit ci-dessus, Hélène découvrira en Isle de France, une voirie quasi-inexistante, des rues et des cours non pavées, des maisons encore en bois pour certaines, un climat tropical tempéré mais sujet aux cyclones, une hygiène quasi-inexistante (la petite vérole ayant fait des ravages) et une nouvelle séparation de classe sociale : les blancs, les libres et les esclaves.
Le couple aura encore trois enfants, en 1802 des jumeaux Philippe Charles François et Joseph Jean Henri et en 1803 Adélaïde. A ce jour je n'ai retrouvé que la trace d'Adélaïde décédée le 17 juillet 1831 et dont la pierre tombale se situait encore au cimetière de Pamplemousses en 2013. Dans les relevés existants elle est désignée sous le nom de Mme Henry. Adélaïde épouse le 10 novembre 1819 à Pamplemousses René Henri Motet de Torvilliers dont le père, originaire de l'Aube, est arrivé sur l'île en 1787. Ce dernier exerce alors la fonction de capitaine commandant au régiment du Corps Royal de l'artillerie des colonies. Il fut par la suite député de Pamplemousses en 1793 et occupa le poste d'officier municipal en tant que major de quartier. L'aspect militaire et administratif domine alors encore à cette époque sur l'Isle de France.
Les registres sont quelquefois lacunaires mais l'obstacle le plus important dans mes recherches est l'année 1810, date à laquelle l’île devient anglaise. Aucun registre n'est consultable au delà de cette période.


Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 121, n° 3, 2014


Commentaires

  1. Cela me fait plaisir cette évocation de Pierre Poivre, un Lyonnais apparenté à de lointains cousins. Une belle exposition nous avait fait découvrir la vie de ce botaniste dans cette île de rêve :
    https://la1ere.francetvinfo.fr/exposition-lyon-reunion-vie-pierre-poivre-amoureux-epices-aventurier-703744.html

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