H comme Histoires de corruptions
Comme je l'ai indiqué dans mon billet précédent, la corruption était chose courante dans les geôles parisiennes afin d'arrondir des fins de mois probablement difficiles. Et François GOUSSAULT n'y échappa pas.
Le 7 décembre 1716 parait un arrêt de la chambre de justice qui indique :
Le 7 décembre 1716 parait un arrêt de la chambre de justice qui indique :
Dès juin 1716, François GOUSSAULT est emprisonné à la Conciergerie.
Les faits reprochés : il aurait exigé de maitres serruriers emprisonnés au Petit Châtelet des sommes exorbitantes tant pour les frais et droits de geôles, que pour les mettre en liberté.
A cette période Jean François GRUET est huissier à cheval au Châtelet, inspecteur de police mais aussi préposé au recouvrement des débets de la capitation des communautés de la ville de Paris, les débets étant les sommes dont les communautés étaient débitrices envers le Trésor, et c'est sur ses ordres que François GOUSSAULT aurait agi.
Le portrait qui est fait du fameux GRUET en introduction de cet arrêt fait frémir !
Une fois interné à la Conciergerie, François GOUSSAULT aurait tenté perpétuellement des démarches pour tacher de subordonner les témoins qui auraient pu déposer contre lui jusque dans la cour d'assises. On ajoute à son dossier des plaintes au sujet des ratures, surcharges, falsifications, reformations et additions faites après coup sur les registres du Petit Châtelet que le dit GOUSSAULT avait eu la facilité de laisser en la disposition dudit GRUET.
Pour GRUET c'est bien pire, même son épouse témoigne contre lui pour des faits de violences et maltraitements exercés contre elle par le dit GRUET son mari qui les a menés à une séparation de corps et de biens.
A l'issue du procès la sentence pour François GOUSSAULT sera plus clémente que celle de Jean François GRUET. Il est déclaré qu'il sera incapable de posséder à l'avenir charge et emploi public, on lui enjoint de se défaire de la charge de greffier des prisons du Châtelet dont il est pourvu dans 6 mois, il ne pourra exercer aucune fonction durant ces 6 mois, il est banni pour 3 ans de cette ville, prévôté et vicomté de Paris, on lui enjoint de porter son ban sous les peines portées par la déclaration du Roi, il est condamné à 300 livres d'amende vers le dit seigneur Roi.
Quant à son complice, son sort n'est pas enviable. La liste est longue !
Il devra faire amende honorable nu en chemise, la corde au col, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poids de deux livres, ayant écriteaux devant et derrière, portant ces mots "Gruet, huissier, prédicateur et concussionnaire public" au devant de la principale porte et entrée de l'église du couvent des Grands Augustins, et là devant à genoux dire et déclarer à haute et intelligible voix à chacun des dits endroits :
De plus on le condamne à être mené et conduit aux Halles de cette ville de Paris ayant écriteaux devant et derrière lesdits mots, et là être mis et attaché au pilori par 3 jours de marché consécutifs, y demeurer pendant 2 heures de chacun des dits jours, et faire 4 tours du dit pilori pendant le dit temps d'un chaque jour.
Gruet au pilori - Gravure BNF-Arsenal - Est.237 |
Pour terminer, il est conduit "es Galères du Roi, pour en icelles être détenu et servir le dit Seigneur Roi comme forçat à perpétuité".
Tous et chacun des biens du dit GRUET situés en pays de confiscation, acquis et confisqués au Roi ou à qui il appartiendra, sur iceux et autres non sujets à confiscation préalablement pris 100.000 livres d'amende par forme de restituions vers le Roi dont 20.000 livres pour êtres redistribués aux pauvres des communautés de cette ville de Paris.
Est-ce le François GOUSSAULT que je recherche ou un autre membre de la famille ? En 1716 Magdeleine et sa mère étaient déjà à Toulouse. Il est mentionné dans le procès que la femme du dit GOUSSAULT aurait apporté les registres des prisons du Petit Chatelet au greffe du dépôt criminel de la dite chambre, mais il n'y a pas mention de son identité...
Et d'ailleurs ce n'était pas la première fois que François GOUSSAULT était inquiété puisque que la découverte de cette affaire a été initiée par un document trouvé dans la Salle des Inventaires Virtuels (SIV) du CARAN mais dont la lecture n'a rien donné de concret à ce jour.
Sources : Gallica/BNF - Ordonnances, lettres, arrêts et autres pièces concernant la Chambre de justice de 1716 à 1718 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224202k.r=%22jean%20fran%C3%A7ois%20gruet%22?rk=42918;4
Ça ne rigolait pas à l'époque !
RépondreSupprimerBelle enquête sur le mode malversations et sentences
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