I comme l'Interdiction de Marie Duval

En 1619 Jacques BELIN notaire au Châtelet, oncle de Madeleine PELLERIN arrière-grand-mère de Magdeleine épouse Marie DUVAL fille de Jean DUVAL marchand apothicaire et épicier. Un notaire dans la famille c'est bien pratique pour retrouver les actes notariés puisqu'ici les familles alliées ont généralement fait confiance à Jacques BELIN pour leurs divers actes.

Le couple aura au moins trois fils. Claude capitaine dans le régiment de Piémont, Jacques conseiller du Roi au Châtelet, et Aymé conseiller du Roi et trésorier de France.
En 1663, peu après le décès de leur père Jacques, les trois fils du couple intentent une action contre leur mère Marie DUVAL, probablement dans le but de la protéger ou bien de protéger leur héritage maternel ?



Le déroulé des faits est détaillé et débute ainsi. Les fils assurent que "pendant les 45 ans qu'a duré l'union de leurs parents leur père a porté à leur mère toute l'affection imaginable et qu'eux lui ont exposé tout le respect auquel les enfants sont obligés" mais que tout cela n'a "néanmoins pas apaisé la violence extrême et les emportements furieux auxquels la dite DUVAL leur mère a toujours été suspecte et qui lui a causé une aliénation d'esprit telle qu'elle maltraitait d'injures scandaleuses le dit défunt son mari" et menaçait de déshériter ses enfants.

En 1657 leur père avait intenté une requête et déposé plainte contre son épouse accompagné de la déposition de "trois témoins les plus capables de déposer d'un fait de cette qualité". Verdict : "se justifie une aliénation d'esprit toute entière, une séparation et une interdiction d'engager ses biens."

En 1662 Jacque BELIN décède et cette séparation devient donc caduque. Les trois fils du couple "redoublent leur respect à leur mère et font partage des biens de la communauté". Ce partage permet à Marie DUVAL de recevoir la somme de "60.000 livres de biens, fonds et meubles assez considérables".
Mais Marie DUVAL en a après tout le monde ! Elle "chasse, bat et réprimande ses domestiques de sorte qu'elle est réduite plus de trois parties de l'année à demeurer seule dans sa maison ne pouvant souffrir auprès d'elle que ceux qui lui conseillent la dissipation de son bien en lui suggérant des sentiments d'aversion envers ses enfants. Elle demeure journellement exposée à la circonvention de gens qui abusant de la légèreté naturelle de son esprit et la haine irréconciliable qu'elle a envers ses enfants lui persuadent de vendre et aliéner son immeuble au grand préjudice de ses enfants".
Les années n'ont cependant pas atténué la rancune de Marie DUVAL envers ses propres enfants car si ses fils "pensaient acquérir son amitié grâce à ce geste, ils furent surpris que sa haine a augmenté contre eux, les a chassé de sa maison et leur en a défendu l'entrée".

En 1663, un conseil de famille regroupant outre ses enfants, des cousins, neveux et divers membres de la famille est réuni afin d'émettre un avis sur la situation de Marie DUVAL. Conclusion : ils sont d'avis que la dite demoiselle DUVAL âgée de 62 ans doit être "interdite de l'aliénation de ses biens, immeubles avec défense d'en disposer, vendre ou engager les fonds en quelque sorte manière et en quelque cause que ce soit à peine de nullité". A charge pour ses enfants d'entretenir ces dits biens... 

Délibération de la requête en interdiction - CARAN - AN Y3952A 

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