R comme Rôle des Boues

Il y a peu d'archives fiscales sur la ville de Paris. La taille n'est pas perçue dans Paris et aucun registre de capitation ou de vingtièmes n'a été conservé. Toutefois certains "rôles" ont échappé à la disparition.

Le Bureau de la Ville de Paris fit office de municipalité jusqu'à la Révolution. Il était composé du prévôt et des échevins, du greffier, du receveur des domaines, dons et octrois, du procureur du Roi et de la Ville. Le tout assisté par 24 conseillers de Ville, 16 quarteniers à la tête chacun de 4 cinquanteniers et de 16 dizeniers.
Il était chargé de la police du commerce par eau de la Seine et ses affluents, avait la responsabilité des problèmes d'approvisionnement de la Ville, il gérait les hôpitaux et le domaine de la Ville, les octrois et les finances publiques et s'occupait des travaux relatifs à la voirie, aux enceintes, à la sûreté et à la salubrité publique, il veillait enfin aux paiement des rentes sur l'Hôtel de Ville. Il s'occupait en outre des conflits au civil et au criminel entre marchands, bateliers, maître de ponts ainsi qu'à d'autres domaines de son ressort. On en trouve les archives au CARAN dans les sous-séries H, Z et Q et les séries K et KK.

La taxe des boues et des lanternes en vigueur de 1337 à 1643 était un impôt du par les propriétaires ou les locataires pour le nettoiement des rues et l'entretien des lanternes.
Son assiette et son prélèvement étaient organisés par quartier, les rôles de contribution étant arrêtés par les commissaires au Châtelet lors d’une assemblée d’habitants qui comprenait les dizainiers, des marchands, des artisans et des magistrats des cours souveraines. 
Les échevins nommaient chaque année un commissaire au nettoiement par groupe de rues ou par quartier. Ces derniers étaient choisis parmi les bourgeois résidant sur place et avaient pour fonction essentielle de collecter la taxe sur les boues et de passer des contrats avec les éboueurs, laboureurs ou charretiers, prenant en charge la collecte des ordures et le ramassage des boues. Ils étaient assistés par les commissaires de police du tribunal du Châtelet.



Emplacement de la voirie du quartier de Montmartre sur le plan de J. de La Caille

Pour cela, on rédigeait et gardait dans les archives un registre des maisons et des principaux habitants (propriétaires résidents et principaux locataires) de la zone concernée que les commissaires successifs se transmettaient au fur et à mesure de leurs prises de fonction. 
Le "rôle des boues" de 1637 recense tous les habitants de Paris assujettis à la taxe des boues. Cette année là, la capitale compte 17 quartiers, 3 faubourgs et une ville, la "ville Saint-Marcel". Outre la taxation ce document est très intéressant puisqu'il énumère toutes les maisons, nomme les habitants, leurs qualités et professions, tout en indiquant s'ils sont propriétaires ou locataires. Un recensement avant l'heure à ajouter à la déjà longue liste des recherches ! 
Les rôles de levée de la taxe de 1637 par quartier sont à rechercher dans les cotes KK1016 à KK1037 du CARAN.

Sources :
- Les quartiers de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles -René Pillorget, Jean de Viguerie : https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1970_num_17_2_2072
- Combien vaut Paris ? La monarchie, les loyers et les boues de la capitale à l’époque moderne -Nicolas Lyon-Caen : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02013079
- Naissance, réorganisation ou formalisation d'un système d'information, La propreté des rues de Paris XVIe-XVIIIe - Nicolas Lyon-Caen, Raphaël Morera : https://www.cairn.info/revue-flux-2018-1-page-44.htm
- A vos poubelles citoyens - Environnement urbain, salubrité publique et investissement civique - Nicolas Lyon-Caen, Raphaël Morera - Champ Vallon

Commentaires

  1. Bellecpuste de recherche pour qui a des anciens parisiens dans son arbre. Les miens n'y arrivent qu'au XiXe siècle

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