E comme EMPLOYÉ DES FERMES DU ROI

Il est de ces recherches où le généalogiste est mis à rude épreuve et parvient difficilement à trouver des traces. Les employés des fermes sont des ancêtres particulièrement difficiles à localiser et à suivre, car ils avaient obligation, de par leur fonction, de n'épouser que des filles d’un autre village et d’exercer leur emploi loin de leur terre natale, pour éviter toute corruption avec les populations.
Ils faisaient partie de la catégorie des employés de brigade dans le corps des cadres d'éxécution de la ferme générale.
La brigade constitue l’unité opérationnelle de base de cette formation : «l’armée fiscale privée» de la ferme générale, si détestée des Français. Les brigades sont constituées de 4 à 20 gardes ou archers, sédentaires ou ambulants et sont commandées par un brigadier et 1 ou 2 sous-brigadiers. Les brigades ambulantes sont conduites par un capitaine, un lieutenant et montent à cheval. L’ensemble des brigades (80 à 150 hommes) sont sous les ordres d’un capitaine général dont la mission consiste à empêcher la pénétration de la contrebande, à saisir les marchandises prohibées, à contrôler le commerce du sel. Le capitaine général a le droit de visite domiciliaire. La principale responsabilité des employés des brigades est la vérification du sexté, le registre paroissial où est inscrite la quantité de sel que les paroissiens peuvent ou doivent acheter selon qu’ils résident dans un pays de grande gabelle ou du quart bouillon. Les employés patrouillent en outre les routes et les passages de rivières pour empêcher la fraude, surveillent les collecteurs de gabelles, veillent à ce que les régatiers (les détaillants distributeurs de sel) ne s’approvisionnent pas au marché noir. Il existe aussi des brigades maritimes, composées de gardes armés embarqués dans des felouques et qui surveillaient les côtes et les embouchures des fleuves contre les bâtiments fraudeurs.
Ils n'étaient pas des fonctionnaires royaux, mais ils agissaient au nom du roi et bénéficiaient à ce titre de privilèges particuliers et de la protection de la loi : dispense du paiement de la taille et de la gabelle, dispense du logement des gens de guerre, dispense du guet et de la garde, droit de porter des armes, de ne pas être poursuivis pour le meurtre de fraudeurs. Ils étaient jugés en cas de délits par des juges royaux. Tous savaient lire et écrire.
(Les commis de la ferme générale et de la régie générale des aides - Vida Azimi 1987)

 

Etienne Drouin était employé des fermes du roi en 1715 et demeurait dans la paroisse de Saint-Laurent de Mondoumerc dans le Lot. Il épouse dans la commune de Labarthe (Tarn et Garonne) Anne Pellegaric originaire de ce lieu. Si je trouve la trace de la famille de l'épouse dans cette commune, je vais devoir partir dans la Meuse pour les origines d'Etienne dans la commune d'Azane en Verdunois. Grâce au miracle internet me voici en quelques secondes à près de 1000 km de mon lieu de recherche. Les registres d'Azannes et Soumazannes ne débutent hélas qu'en 1709 et ne me laissent pas le loisir de trouver la naissance d'Etienne. Néanmoins je retrouve la trace de ses parents et de sa sœur à Azannes. Était-il déjà employé de brigade ?
Anne décède en 1719 après la naissance de sa deuxième fille. Je retrouve la trace d'Etienne lors du mariage de sa seule fille en 1733 à Moissac, puis comme parrain à la naissance de la première fille de cette dernière. Son dernier domicile semble être la commune de Molières toujours dans le même périmètre, mais il n'y a plus aucune trace de lui après 1734. Est-il retourné dans sa région d'origine, a-t-il été affecté ailleurs... ? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin !



Commentaires

  1. Bonjour,
    Merci pour cet article très fouillé qui explique peut-être pourquoi je peine à retrouver mon ancêtre Antoine Verrier qui est dit "brigadier des gardes des fermes de sa majesté postés à Cluny"...

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  2. Merci pour cet article très intéressant !
    J'ai moi aussi deux fermiers des fermes du roy dans mes ancêtres (un père et son fils). Heureusement ils ne sont pas partis aussi loin : le père venait de la Haute-Marne et s'est installé dans la Meuse, tandis que le fils a pas mal bougé mais est toujours resté dans les frontières de la Meuse.
    Elise

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  3. Merci pour cet article. Je comprends mieux pourquoi j'ai autant de mal sur mon ancêtre Jean VIMEUX ;)

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  4. samedi 4 avril 2024 , j' ai fait la Généalogie de plusieurs de mes familles .
    Je découvre l' histoire de ces métiers anciens , j' ai dans mes ancêtres un fermier des fermes du Roy , en 1757 ,, puis employé des douane 1794 à Marseille ,
    L' ancêtre : LOMBARD François ( clément ) comment trouver cet ancêtres .merci

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  5. Bel article. Attention toutefois à un article qui reprend la même illustration que la votre et qui présente par erreur - tout comme Wikipédia - un brigadier en uniforme de la Maréchaussée (ancêtre de la Gendarmerie) à l'ordonnance de 1720, pour un brigadier des Fermes du Roy ! Il s'agissait comme aujourd'hui de deux institutions totalement distinctes sans aucun lien direct, et les brigades des Fermes du Roy (ancêtre de la Douane) ne portaient pas d'uniformes sous l'Ancien Régime (leur spécificité pour mieux se fondre dans la masse des populations), pas avant l'An VIII sous la Révolution. Se référer pour cette réalité à la meilleure source connue sur le sujet à partir des travaux des historiens de la douane dans ''Les Cahiers d'Histoire de Douanes n° 44 , ''La douane sous l'Ancien Régime'' , 2ème semestre 2010. Attention aussi aux affirmations erronées de certaines personnes diplômées qui n'ont pourtant aucune compétence en matière de science uniformologique : les employés des Brigades de Fermes du Roy en tant que corps militarisé ne portaient pas de bandoulières bleues mais des bandoulières de peau (courroies) garnies de l'écusson royal puis de la plaque métallique aux armes de Sa Majesté LOUIS XVI ensuite. Les bandoulières bleues aux armes royales étaient réservées à d'autres corps de gardes sans aucun rapport et le plus souvent civils. Toutes les explications détaillées se trouvent dans ce cahier n°44 des historiens de la Douane.

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