S : LE SERMENT DE JEANNE

Le 16 janvier 1761 à Moissac devant les consuls municipaux, Jeanne Marie Delbouis épouse d'Etienne Delachoux prête serment. 
Jeanne Marie est née à Castelsarrasin en 1732, petite fille de maître-boulanger, elle épouse en 1760 Etienne Delachoux qui après avoir été marchand de bois sera lui aussi boulanger. Sa sœur cadette aussi prénommée Jeanne Marie  épouse en 1764 Antoine Pomiers boulanger de son état.
Jeanne Marie était donc boulangère et en ce jour du 16 janvier 1761 a été établi le procès-verbal de sa prestation de serment de boulangère. Le document existe aux archives municipales de Moissac mais faute de pouvoir se déplacer je n'ai pas pu en avoir la copie...
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les boulangers doivent prêter serment «selon l'usage» : ils doivent exercer pendant un an au moins, se conformer à la taxe (prix fixé de manière autoritaire), et ne pas faire de mauvais mélange de farine. «Les abonnements (droits de halle) au mois sont contractés par les boulangers et les boulangères : ils sont de 4 sous pour la vente du pain blanc, et de 2 sous 6 deniers pour la vente du pain bis. Le fermier n'était pas tenu de fournir les tables sur lesquelles le débit avait lieu, et chaque table ne pouvait pas occuper plus d'espace qu'une corbeille». (Adrien Lagrèze-Fossat, Etudes historiques, tome 2.)
En ce mois de janvier, l'ordonnance de police de la ville de Moissac fixe la taxe pour la vente du pain : pain blanc 20 deniers ; pain commun 18 deniers ; pain bis 15 deniers. La taxe sera encore revue à la hausse ou à la baisse deux fois cette année là.
Les infractions commises, telle la fraude sur le prix du pain sont sévèrement punies, le pain doit se vendre au poids et non "à l'œil". L'obligation, pour un boulanger, de faire du pain à l'intention de ses concitoyens est très règlementée : en 1713, on confisque 21 pains à un boulanger qui allait les vendre ailleurs, plus tard des poursuites sont engagées contre «divers boulangers qui ne cuisent pas, quoique pourvus de farine». 
En 1758 suite à des infractions spéculatives sur le prix du blé, il est interdit aux boulangers l'accès "à la communal", lieu du marché aux grains, avant 10 heures sous peine de confiscation des grains achetés ou bien d'acheter pendant l'heure qui leur est dévolue, des grains pour le compte des marchands ou commissionnaires.



Commentaires

  1. Une découverte ! Je ne connaissais pas du tout ce serment des boulangers.

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  2. Pour ce #ChallengeAZ 2020, nous avons choisi la même illustration avec des histoires de boulangers ! (https://www.briqueloup.fr/2020/11/jsaint-jerome.html)
    Cet article m’apprend beaucoup de choses ; j’ignorais qu’ils devaient prêter serment. Ce serait intéressant de lire le procès-verbal.

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