M comme les Marchands du Temple
Sous l'Ancien Régime, les tribunaux des grandes villes abritent aussi des boutiques, en effet les nombreux justiciables fournissent une clientèle potentielle aux marchands tenant commerce.
Le Palais de justice de Paris n'y déroge pas. L'ensemble de ses boutiques compte alors des centaines de vendeurs : les marchands du Temple. Vers 1700 on y dénombre près de 600 boutiques que l'on retrouve en partie identifiées dans le Terrier du Roi. Mais ces dernières s'étendent aussi en dehors des murs du Palais, combles, caves, greniers, sous-sols, arcades comptent environ 220 de ces boutiques ; les cours et les murs de clôture sont aussi occupés, les boutiques empiètent sur les quais et les rues. Sans compter le monde des marchands ambulants.
Un nombre si important de commerces est synonyme d'une superficie moindre. L'ouverture d'une échoppe, terme généralement utilisé à celui de boutique, est alors estimée en moyenne à 5 pieds soit 1,66 mètres de largeur, pour un total de 1 kilomètre de boutiques. Il est bien entendu que ce n'est là qu'une moyenne car les surfaces ne se valent pas. L'organisation même de ces dernières est règlementée. C'est le baillage du Palais qui édicte les normes de sécurité et d'étalage, veille à l'entretien des lieux, surveille les constructions.
Le Palais devient lieu de conflits entre marchands, de détournement des règlements. Les boutiques se louent, se vendent selon les emplacements, on surenchérit les baux, on agrandit, on investit, on rentabilise. La hiérarchie des marchands amène à une hiérarchie des lieux et varie selon les époques.
Le palais vers 1700 - extrait de "Description de la ville et des faubourg de Paris" - Gallica |
Les registres du Terrier du Roi de 1700 contiennent les plans et la liste des propriétaires de Paris, ainsi que les références de déclaration ou de donation devant notaire. Ils sont numérisés et accessibles à partir de généawiki. Le tome 1 est le plan du "quartier de la Cité et des Isles du Palais".
J'y ai trouvé plusieurs membres de la famille de Magdeleine dont les boutiques du père de Magdeleine, François GOUSSAULT qui se situaient la première dans la Cour du Palais dite aussi Cour du May au bas du perron de la Sainte-Chapelle, la seconde dans la salle des merciers. Dans l'inventaire après décès de l'oncle de François GOUSSAULT, Jean GOUSSAULT lui aussi mercier, il est mentionné que la boutique de la Cour du Palais avait été achetée par les époux GOUSSAULT en 1688 à leur dit oncle.
Ironie du sort l'emplacement 23 dans la salle aux merciers est adossé à la Conciergerie, prison dans laquelle mon "inconnu" François GOUSSAULT passera quelques mois en 1716 ! H comme Histoires de Corruptions
Cour du May - en rouge l'emplacement 39 |
Salle des merciers - en rouge l'emplacement 23 |
Visite virtuelle du palais de justice de Paris
Sources :
Adrien Pitor - Du Palais au palais de justice : visiter l'enclos judiciaire -https://journals.openedition.org/insitu/33692
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